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75,53km 10H18’
Altitude 1116m
Langage Universel ?
Ce matin, un parcours facile et une connexion wifi m’ont permis de me mettre à jour dans le courrier reçu, cette dernière semaine. Ce ne fut que du bonheur !
En ce début d’année, je tenais à remercier Lee, qui chaque jour s’attèle à la tâche, parfois ardue, de la traduction en anglais du compte-rendu. Elle transpire au rythme de Serge et grâce à son travail, nos amis étrangers peuvent suivre nos aventures.
A ce sujet, Sergio, ce coureur espagnol qui revient de la course 333, nous envoyait un mail hier soir, pour nous dire le plaisir des quelques kilomètres parcourus l’après midi aux côtés de Serge, et soulignait le fait que tous deux parlaient le même langage (malgré le fait qu’ils aient échangé en anglais). Il évoquait la course à pied, bien-sûr.
Ce sport aussi simple soit-il, a un langage universel à travers le monde, je le réalise aujourd’hui.
Serge a de plus en plus de difficultés à mettre son corps en mouvement le matin, il lui faut du temps pour se préparer, le visage déjà fatigué au lever. Je lui faisais remarquer, il y a quelques jours, que la récupération avec les années est moins bonne (une vérité physiologique), pour toute réponse, il m’a lancé un regard oblique. Le lendemain, à l’arrivée de l’étape qu’il a achevé avec brio, il me disait « tu vois le vieux, il n’est pas encore mort ».
La route CM2015 que nous suivons depuis le 3ème kilomètre, est désertique. Brouillard puis grisaille, mais pas de pluie, et à partir de Villanueva de Alcoron, nous rentrons dans le parc naturel du « Alto Tajo », la neige sur les bas-côtés et le toit blanc des quelques maisons, nous laisse présager que plus que de l’eau, nous allons connaître la neige. Nous évoluons entre 800 et 1300m et continuerons à prendre de la hauteur en direction des Pyrénées.
Serge évoque depuis quelques temps, son manque de motivation par rapport au parcours, non à cause de la diversité des paysages et des rencontres, mais plus au niveau de sa progression. « Une fois revenu à Toulouse, à 800km de Paris, j’aurai parcouru près de 6600km, je serai si proche du point de départ… ». C’est une des raisons pour laquelle il préfère ne pas faire le point de son tracé sur une carte. C’est malheureusement le principe d’une boucle, et des tours et détours liés aux impératifs de timing français ; contrairement à ses précédentes traversées où la progression ouest-est se matérialisait au jour le jour. La motivation, il faut donc la chercher ailleurs !
Hier, nous avons croisé Pablo de la « guardia civil » qui correspond si nous avons bien compris, à la gendarmerie. Il assure les patrouilles sur la route. Il nous avait promis d’être là , au départ, et effectivement avec un collègue, ils ont escorté Serge sur les 10 premiers kilomètres. Pablo est sidéré par cette course, il ne pensait pas possible de courir autant de kilomètre chaque jour, lui qui a participé à la corrida de la Saint-Sylvestre de Cuenca. Il n’y aura pas de photos de cette rencontre sur le site, conformément à leur demande. Serge demande la caméra, il a envie de passer le temps. Ce soir, je lui demande s’ il s’ennuie sur la route, s’il trouve le temps long. Il me répond que non, mais qu’il faut arriver à penser à autre chose qu’à son mal de jambes….
Ce soir, au bord du Rio Tajo, toujours et encore lui, nous campons. Le site est aussi sauvage que splendide, un lieu idéal pour nous. Malgré le froid vivifiant, l’ambiance est au rendez-vous, et enfin une journée sans pluie, pourvu que cela dure.
Demain : Molina de Aragon – Monreal del Campo - Torrijo del campo (N211)
Tracé du jour avec Google Earth Ville : Borne 72 CM 2015 GPS : N40.83124° W002.09828° |
